2003      
Des Chimères en automne   Captation CHAILLOT 2003  


spectacle de Jean-François Peyret et Alain Prochiantz

mise en scène
Jean-François Peyret

avec
Jacques Bonnaffé
Lucie Valon
Clément Victor

scénographie
Nicky Rieti

costumes
Thibault Fack

lumières
Bruno Goubert

musique
Alexandros Markeas

assistante à la mise en scène
Stéphanie Cléau

www
Agnès de Cayeux

 

Coproduction : Cie TF2 - Jean-François Peyret, Théâtre National de Chaillot.
Avec l'aide du Ministère de la Culture et de la Communication, de la DRAC île de France


Théâtre Feuilleton 2, Jean-François Peyret   Théâtre Feuilleton 2, Jean-François Peyret  

Un "playshop" (certains se souviendront peut-être des playshops précédents, Traité des passions 2 - Notes pour une pathétique et Turing-machine ces dernières années à la MC 93 de Bobigny), c'est un spectacle moins de contention qu'un spectacle en dur mais plus ludique (du moins nous l'espérons) qu'un workshop. Plus qu'offert au public comme un vrai spectacle, il est ouvert à lui ; c'est comme si on essayait de mettre le public dans la confidence du travail, "a play in progress", en somme.
Ces Chimères jouent comme un intermède dans notre Traité des formes, entre La Génisse et le Pythagoricien où Ovide avait fait la rencontre d'un biologiste (TNS et Théâtre de Gennevilliers 2002) et l'épisode à venir (Théâtre National de Chaillot, saison 2004-2005), Darwinovide où se rencontreraient deux faiseurs de grandes fables, l'Ovide des Métamorphoses et Darwin l'auteur du dernier "grand récit" qui nous reste, celui de notre propre évolution. C'est dire que c'est un travail de frontaliers. Nous sommes en effet de plus en plus incertains de notre humanité, de notre identité humaine et d'humains ; les frontières qui nous distinguent des animaux et celle, plus inquiétante encore qui peut nous distinguer de nous-mêmes, nous paraissent de plus en plus floues. Tout est affaire de regard (c'est en cela que le théâtre y est intéressé) ; tout se passe comme si, à force d'observer les bêtes, certains hommes s'animalisaient (on peut même attendre pas mal de ce devenir-animal, antidote à la bestialité humaine), tout se passe comme si les animaux, à force d'être regardés par nous, faisaient effort pour s'hominiser un peu. Deux textes "mythiques", c'est le mot, pour nous permettre de donner à voir sur un théâtre quelques pièces de ce dossier : l'extraordinaire étude de Darwin sur le ver de terre, La Formation de la terre végétale par l'action des vers, où le père de l'évolution scrute les habitudes de ces petites bêtes pour montrer quelle part elles jouent dans l'histoire universelle, et d'un autre caîté Le Rapport pour une académie de Kafka où le singe explique comment il est devenu homme. Si l'on songe que le contexte actuel (voir comment on rêve de trafiquer l'espèce ou de fabriquer des machines qui nous dépassent) dans lequel ces petits mythes peuvent être entendus, on se doute que cet essai de théâtre devra être mis au compte des nombreux exercices préparatoires à notre post-humanité. Humains, encore un effort pour être des bêtes, encore un effort pour être des machines.

Jean-François Peyret

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