2002      
La Génisse et le pythagoricien   Captation TNS 2002  


spectacle de Jean-François Peyret et Alain Prochiantz

mise en scène
Jean-François Peyret

scénographie
Nicky Rieti

costumes
Chantal De La Coste

lumières
Bruno Goubert

musique
Alexandros Markeas

création vidéo
Benoît Bradel

dispositif électro-acoustique
Thierry Coduys

assistant à la mise en scène
Nicolas Bigards

internet
Agnès de Cayeux

avec
François Chattot
David Chevallier (piano)
Maud Le Grévellec
Pascal Ternisien
Alain Tresallet (alto)
Julien Vanhoutte (violon)
Jean-Baptiste Verquin
Clément Victor

Coproduction : Cie TF2 - Jean-François Peyret, Théâtre National de Strasbourg - TNS


Théâtre Feuilleton 2, Jean-François Peyret   Théâtre Feuilleton 2, Jean-François Peyret  

"Un jour, je prends la selle et le guidon, je les mets l'un sur l'autre, je fais une tête de taureau. C'est très bien. Mais ce qu'il aurait fallu tout de suite après, c'est jeter la tête de taureau. La jeter dans la rue, dans le ruisseau, n'importe où, mais la jeter. Alors, il passe un ouvrier. Il la ramasse. Et il trouve que peut-être avec cette tête de taureau, il pourrait faire une selle et un guidon de vélo. Et il le fait... Ça aurait été magnifique. C'est le don de la métamorphose."
Picasso

Il ne s’agit pas seulement d’une rencontre. Combien de rencontres sont éphémères. Il s’agit d’une occasion de faire de la science autrement, de montrer son côté nocturne qui n’apparaît jamais dans le discours officiel. À l’encontre d’une tradition établie par les plus grands, qu’on relise les Cahiers de notes de Claude Bernard, rêver science se raréfie. Au mieux, on occulte ce que la découverte doit à l’imaginaire. L’organisation même du travail scientifique ne donne plus le loisir de laisser jouer la réflexion.
Prendre le temps de collaborer à une expérience théâtrale, c’est se donner la contrainte de gagner le large, mais toujours en travaillant la science. Il faut pour cela que l’expérience soit construite autour d’une idée qui concerne la discipline scientifique. C’est ici le cas, la forme et ses changements, l’unité du vivant, la frontière homme/animal; autant de thèmes que la poésie - celle d’Ovide au premier chef - ou la philosophie explorent aussi. Ces correspondances, au sens baudelairien, n’ont peut-être pas d’autre avenir que d’exister dans ce spectacle et, au fond, ce n’est peut-être ni d’art ni de science dont il est question, mais plutôt de risque et d’expérimentation. Bref, nous tentons une sortie. Au théâtre.

Alain Prochiantz

Il s’agit quand même d’une rencontre. Qu’on espère pas trop éphémère et pas seulement la rencontre de personnes, d’amis mais aussi du théâtre et de la science, et si cette formulation est par trop pompeuse, de l’imagination (d’une imagination) théâtra le avec une imagination scientifique, tant il est vrai qu’un théâtre se faisant un peu le rêveur de la science se fait rare, s’il a du reste jamais existé.
Cette rencontre a donc un terrain, le plateau du théâtre, et un objet, une curiosité, du moins, celle des formes, celle de la forme qui intéresse à la fois le biologiste et, modestement, l’ artiste, si faire œuvre d’art, c’est tâcher d’inventer des formes vivantes.
Ainsi ce spectacle est le premier volet d’un Traité des Formes.
Elle a aussi, cette rencontre, un prétexte, Les Métamorphoses d’Ovide, ce poète qui chante le changement de forme et qui est obsédé par la fragilité de la frontière entre l’ homme et l’animal.
Car cette frontière est plus que jamais imprécise. L’ homme n’a jamais été moins définitif qu’ aujourd'hui; il n’a jamais été aussi peu certain de ses définitions. Il n’a jamais été aussi capable de se transformer, comme aussi démuni devant les conséquences.
Comme animal, voici que la technologie génétique va le mettre dans le cas de pouvoir se bricoler un peu, tandis que d’un autre côté les machines qu’il a fabriquées l’invitent à d’ é t ranges métamorphoses qui risquent de lui faire perdre ses privilèges.
Voilà à peu près pourquoi Ovide vient faire un petit tour sur le théâtre de nos opérations (celles aussi que nous pratiquons sur nous-mêmes) pour nous raconter une fois de plus ses histoires à lui dans et par lesquelles la grande littérature se livre à son jeu préféré : l’assaut des frontières, comme disait à peu près Kafka, un autre expert en métamorphoses, frontières de l’humain et de l’animal , frontières du vivant et de l’inanimé, frontières d’une humanité «border-line», etc., etc. Il n’en faut en effet pas beaucoup pour qu’une jolie jeune femme se retrouve dans la peau d’une génisse. Mais quelle génisse! N’est-ce pas Zeus ?

Jean-François Peyret

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En 2002, lors des répétitions et de la création du spectacle La Génisse et le pythagoricien, nous proposions 12 playletters : notes écrites par nos invités et accompagnées des confidences-vidéos des comédiens sur les métamorphoses non jouées. Nous avions également mis en ligne une collection de 100 fragments sonores des répétitions à la table ou au plateau. Puis, nous avions déposé 2 webcams, l'une côté Picasso, l'autre côté Prusiner qui diffusaient en direct deux angles de vue distincts depuis le platea en bi-frontal de la scénographie. Les internautes pouvaient chatter aussi depuis cette page ou plage du web. Il en reste quelques bribes.